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L'histoire du glaïeul par Jacques Geoffrion

  • Les premiers croisements
  • L'une des grandes difficultés qui survient lorsqu'il s'agit d'écrire l'histoire du glaïeul est de savoir par où commencer.

    Selon certains botanistes, les premières mentions se trouveraient dans la bible, à l'époque de Salomon et se fiant aux descriptions des auteurs il s'agirait fort probablement de Gladiolus Segetum ou Corn Lily. Les archéologues ont par la suite examiné attentivement plusieurs esquisses de 9e et du 10e siècles ainsi que de vieilles toiles de satin en provenance des pays de l'Est. Certaines fleurs peintes ressembleraient énormément à ce qu'on pourrait décrire aujourd'hui comme étant l'espèce eurasienne Gladiolus Communis.

    Nous qui vivons à l'âge électronique, avons de la difficulté à imaginer comment on pouvait classifier correctement les couleurs n'ayant ni caméra, ni charte de couleurs. Les seules teintes disponibles étaient liées aux colorants et pigments connus de l'époque. Plus tard, lorsque la technologie du verre fut plus perfectionnée, il nous apparaît clairement que les descriptions faites sont supérieures à celles de l'époque se situant avant 1700 A.C.

    Avant cette époque, les descriptions disponibles provenant soit d'Europe ou d'Asie, nous font voir une fleur aux couleurs lavande-pourpre s'apparentant au Gladiolus Segetum et Gladiolus Illyricus. Les aquarelles, datant de 1685-1740, peintes par différents artistes sont du point de vue botanique de peu de valeur puisque à partir de ces toiles il nous est pratiquement impossible d'identifier ou de classifier avec exactitude la majorité des espèces décrites par les artistes.

    Les plus récentes informations faisant mention de glaïeuls de type non-européen ou asiatique ayant été cultivés en Europe datent de 1685-1686. Il s'agirait d'aquarelles de Van der Stel et représentant des espèces découvertes en Afrique du Sud. Il est impossible de déterminer si ces toiles furent exécutées à partir de croquis fait " sur place " ou si ces plants furent ramenés en Europe et peints vivants. Par contre en 1727 un article concernant le jardin Leiden en Hollande mentionne la présence de Gladiolus Angustus, une espèce provenant d'Afrique du Sud.

    Plus tard, lorsque le botaniste suédois Linnaeus contacta Leiden pour élaborer un système de classification, il découvrit alors l'espèce Gladilus Angustus. Finalement, lorsque Linnaeus compila les informations concernant les différentes espèces poussant en Hollande et en Angleterre, il réussit à en regrouper six espèces distinctes et stables parmi lesquelles ont trouvait le Gladiolus Tristis, le Gladiolus Communis, le Gladiolus Segetum, le Gladiolus Angustus. Il est intéressant de noter que le Gladiolus Tristis était déjà cultivé au jardin Chelsea en 1745.

    La prochaine étape concernant l'historique du glaïeul se situe vers 1760 lorsque Burman envoya à son fils à Uppsala un panier contenant cormus, plants et semences ainsi qu'une série de notes, croquis et toiles de couleurs. Le résultat de cette collection fut que Linnaeus et le fils de Burman, après 4 mois d'études continues, purent ajouter à la collection existante plus de 75 espèces provenant d'Afrique du Sud.

    Entre les années 1760 et 1784, Linnaeus et son fils s'impliquèrent activement dans la description, l'enregistrement et la conservation des différentes espèces qui maintenant leur arrivaient en grandes quantités. Malgré toutes les précautions et leur bonne volonté, plusieurs erreurs furent commises lors de la classification des différentes espèces provenant d'Afrique du Sud ou d'ailleurs.

    L'année 1784 est considérée comme la fin de la période Linnéenne, puisque le père et le fils étant décédés, la collection fut vendue à un nommé Smith. Finalement, Murray, lors de la 14e édition du SYSTEMA VEGETABILUM y incorpora toutes les espèces comprises dans la collection Linnéenne.

    Entre 1784 et 1790, plusieurs expéditions commerciales et scientifiques furent entreprises via l'Afrique du Sud et particulièrement dans la province du Cap. Plants, semences, descriptions détaillées et croquis de plusieurs espèces purent être classifiés et publiés dans l'HORTUS KEWENSIS édité par le jardin Kew. Ce jardin très réputé à l'époque pouvait, à partir de semences, vérifier avec exactitude la classification des espèces mentionnées.

    L'un des grands botanistes de cette époque fut sans contredit William Herbert qui réussit plusieurs croisements à partir de sa collection estimée à environ 32 espèces et sous-espèces. Vers 1820, Herbert distribua généreusement à plusieurs jardiniers et pépiniéristes d'Angleterre et de Hollande une grande quantité de cormus issus de ses croisements inter-espèces. Ses premiers croisements furent réussis avec l'espèce Gladiolus Cardinalis et Gladiolus Tristis et Gladiolus Carneus. Plus tard, d'autres résultats furent obtenus avec dans leur lignée les Gladiolus Natalensis et Gladiolus oppositifflorus.

    Malheureusement, plusieurs croisements réalisés par Herbert furent stériles et ne produisirent aucune semence. Ainsi il fut impossible d'augmenter la quantité de fleurs et après un certain temps plusieurs magnifiques croisements disparurent. Parmi ceux-ci, un glaïeul odorant ayant parmi ses parents le Gladiolus Tristis fut l'un des premiers à succomber.

    Le professeur Barnard qui, lors des années 1930-1950, produisit à Dorset plusieurs croisements avec Gladiolus Tristis, Gladiolus Gracili, Gladiolus Orchidiflorus et Gladiolus Carinatus connut lui aussi plusieurs déceptions et, tout comme Herbert, vit plusieurs magnifiques réalisations disparaître après un certain temps. Une de ses réussites, connue sous le nom de croisement Purbek, gagna plusieurs rubans et honneurs lors d'expositions tenues par la Société Royale d'horticulture. Malheureusement sa valeur commerciale fut presque nulle puisqu'il était à peu près impossible à propager.

    Le premier réel succès de fertilisation eut lieu avec le Gladiolus Tristis et le Gladiolus Cardinalis. En 1823, un jardinier de Londres, après plusieurs essais infructueux, réussit là où d'autres avaient échoué. Il nomma son croisement Gladiolus Colvilleii en l'honneur de l'hybrideur James Colville. La fleur originale était de couleur rougeâtre et avait les caractéristiques de Gladiolus Cardinalis.

    En 1926, James Colville commercialisa le Gladiolus Colvillei Alba. Ayant comme parent le Gladiolus Colvilleii, c'était un glaïeul blanc avec des anthères roses pâles. En 1871, un autre descendant de Gladiolus Colvilleii, le glaïeul The Bride, à fleur blanche également, fut commercialisé. Des cormus de ce croisement sont encore de nos jours disponibles chez certains grainetiers et pépiniéristes. Ils sont un exemple de santé, vivacité et ils ont une excellente capacité de reproduction.

    Une autre série de succès eut lieu vers 1880-1890 en Angleterre et en Hollande. Des croisements avec le Gladiolus Cardinalis et le Gladiolus Blandus, réalisés à la pépinière Schneevoogt en Hollande donna des glaïeuls de couleurs variant du rose pâle au rose lilas. Ces croisements furent nommés Gladiolus Ramosus et ils étaient vendus à l'époque sous appellation " espèces ". Plus tard, ils devinrent simplement des hybrides de charmes et tout comme le glaïeul The Bride, ils sont eux aussi encore disponibles de nos jours.

    Un autre hybrideur de Hollande croisa Gladiolus Ramosus avec Gladiolus Cardinalis et obtint un glaïeul semi-vivace à la floraison hâtive. Ce fut à partir de cette série de croisements que nous avons obtenu la variété Gladiolus Nanus. Cette variété nous donna plus tard les glaïeuls Spitfire, Nymph et Blushing Bride.

    Voilà qui résume l'histoire des premiers croisements. À partir de la fin des années 1890, début 1900, les choses se précipitèrent. Des croisements réalisés dans plusieurs pays, notamment en France, en Allemagne, aux États-Unis et au Canada firent évoluer la culture du glaïeul de façon phénoménale. Dans notre prochain article, nous vous raconterons comment produire de magnifiques fleurs d'exposition.

    (Note : Les sources d'information pour rédiger cet article proviennent du livre d'Eric Anderton et de Ron Park, GROWING GLADIOLI. London, Christopher Helm Publisher, 1989, ainsi que de différents articles parus dans le bulletin de la North American Gladiolus Council.